Les Hell's Angels
sous haute surveillance
Claude Plessier
05/02/2009 | Mise à jour : 17:58 | Commentaires 44 | Ajouter à ma sélection
Selon
un responsable de la police, les Hell's Angels «entretiennent à dessein
une image folklorique sans rapport avec le caractère extrêmement
strict, hiérarchisé et discipliné des organisations auxquelles ils
appartiennent».
Selon un responsable de la police, les Hell's Angels
«entretiennent à dessein une image folklorique sans rapport avec le
caractère extrêmement strict, hiérarchisé et discipliné des
organisations auxquelles ils appartiennent». Crédits photo : ASSOCIATED
PRESS
Ces
gangs de motards, très hiérarchisés, ont l'intention de renforcer leurs
activités en France. Une menace prise au sérieux par les autorités
policières.
Ils roulent en Harley-Davidson et n'aiment pas «les
Noirs». Gros durs, tatoués, plus ou moins fêlés, souvent imbibés, les
Hell's Angels et leurs frères ennemis des Bandidos ou des Outlaws ont
cessé d'amuser la police. Leurs faits et gestes font l'objet d'une
analyse publiée par l'Institut national des hautes études de sécurité
(*). Son auteur, Gilles Aubry, sous-directeur à la police judiciaire
parisienne, affirme : «Ces gangs de motards criminalisés sont engagés
dans une logique de conquête des territoires comprenant également la
France.» Ils «entretiennent à dessein vis-à-vis de l'extérieur une
image folklorique sans rapport avec le caractère extrêmement strict,
hiérarchisé et discipliné des organisations auxquelles ils
appartiennent», explique ce responsable qui a longtemps coordonné les
Groupes d'intervention régionaux (GIR) puis la lutte contre le crime
organisé à la PJ.
Les gangs de motards sont apparus aux
États-Unis à la fin des années 1940. Composés à l'origine de nombreux
soldats de l'armée allemande défaite, ils ont essaimé dans
quarante-quatre pays. Effectif estimé aujourd'hui : 10 000 membres.
Tous soumis aux rites et aux lois implacables du «chapitre» auquel ils
sont liés. Le goût de l'aventure et de la liberté, façon Easy Rider,
est censé les réunir. Mais la violence a visiblement pris le pas dans
cette microsociété virile qui vit aux marges de la loi.
Depuis
la création du premier chapitre Hell's, à Paris, en 1981, la famille
des bikers français a bien grandi. On la retrouve désormais à Orléans,
Toulouse, Nîmes, Avignon, Marseille, Fréjus ou Colmar. Ils seraient
environ 400 dans l'Hexagone.
Tatoueurs-perceurs rackettés
À
côté de leurs frères d'Europe du Nord ou d'Amérique, qui agissent en
véritables chefs de guerre, les bikers tricolores apparaissent moins
violents. Beaucoup sont connus des services de police pour rixe,
trafic de stupéfiants ou de véhicules. On les soupçonne parfois de
racketter le milieu des tatoueurs-perceurs et certaines concessions de
Harley pour se procurer des pièces détachées. Les ex-RG se sont
intéressés il y a peu aux investissements immobiliers d'un chapitre de
la Côte d'Azur. Les fichiers de la police décrivent des profils très
variés parmi les nouvelles recrues : chauffeur-livreur, ingénieur, sans
emploi et même un retraité de la police…
Quelques affaires ont
attiré l'attention des services ces dernières années : un homicide à
Narbonne et un vol de fret en région parisienne en 2008 ;
l'interpellation en Alsace d'un motard allemand porteur de 600 grammes
de cocaïne en 2007 ; l'arrestation en Hongrie de bikers alsaciens en
possession de lance-roquettes et d'une kalachnikov en 2005 ;
l'assassinat du président d'un club de bikers de la Drôme en 2003.
Les
Hell's français et leurs rivaux, toujours prompts à la bagarre,
constituent-ils vraiment une menace ? «Leurs membres sont régulièrement
visés par des dossiers judiciaires sans que la dimension structurelle
de l'organisation à laquelle ils appartiennent et pour laquelle ils
œuvrent ne soit prise en compte», estime le commissaire Aubry. À
l'écouter, donc, la justice passerait trop souvent à côté du sujet. Un
sentiment partagé par le criminologue Étienne Codron. Lui insiste sur
les liaisons dangereuses entre certains bikers et l'extrême droite :
«Vous vous souvenez du gendarme Nivel, sauvagement frappé par un
hooligan allemand en 1998 à Lens ?, interroge-t-il. Depuis sa sortie de
prison, en 2002, son agresseur est devenu l'un des chefs des Hell's de
Hambourg.»
(*) Dans ses derniers «Cahiers de la sécurité» consacrés aux «organisations criminelles».
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pascal dit STAROYAL
Président des BIKERS LIBRES